New York, ça sent le charbon de bois.

New York, ça sent le charbon de bois.
J’aime l’odeur du charbon de bois. New York, c’est l’odeur des Kebbabs dans la rue et des Pretzels dans les chariotes. Je ne suis pas née dans cette ville mais dans la mienne, loin, là-bas au delà de l’océan, ça sent souvent cette odeur de bois brûlé. Nous, on appelle ça un ‘canoun’. C’est un barbecue, un grill, un petit feu de bois, un espace choisi dans lequel on brûle du charbon. Ca devrait peut-être alors s’appeler un ‘charnoun’.
Bref, ne nous égarons pas.

New York donc, ça sent le charbon de bois.
Et lorsque cette fragrance vous chatouille les narines à la sortie du fin fond des entrailles de la terre, je veux dire à la sortie du métro, vous pensez rêver. Devant vous, des ‘carrossa’, vous savez ces petites charrettes, ces carrosses misérables et féeriques partout présents dans les rues de votre enfance, sur lesquels on vendait tout et n’importe quoi …. Et là-dessus, des Falafels, des Shawarmas, des Hot-dogs, des jus de fruits trop colorés, des pancartes délirantes aux mille inscriptions. J’ai lu un jour -ou était-ce mon imagination ?- ‘viva mexico’ ! Mon imagination, sans aucun doute… Parce qu’à New York, on ne sait jamais vraiment si l’on rêve ou si l’on est bien éveillé. Rapidement, la confusion entre votre univers personnel et la réalité se fait. Tout s’emmêle. A vous de voir ce que vous allez raconter.
Bref, ne nous égarons pas.

 

New York, ça a le goût de la cannelle.
J’aime le goût de la cannelle. Depuis l’instant de votre réveil au moment où vous vous endormez, tous les goûts qui se sont croisés dans votre bouche ont, de près ou de loin, approché la cannelle. Des exemples, vous voulez ? Très bien, allons-y … Votre dentifrice anti-tartre, vos biscuits sans cholestérol, votre thé sans caféine, votre beignet multivitaminé, votre soda light, votre chewing-gum sans sucre, cette épice que vous n’arrivez pas à cerner dans votre viande garantie sans graisse animale ... Vous écrivez la vie de votre cavité buccale, du palais qu’est votre illustre bouche, sur ces petits rouleaux couleur terre qu’ils nomment Cinnamon.
Bref, ne nous égarons pas.

New York, c’est jaune, rouge et vert.
J’aime le jaune, le rouge et le vert. Jaune, ses milliers de taxis ont épousé cette couleur et leur union est fusionnelle. Un jaune uni, avec seule cette petite tâche que créent leurs phares rouges quand ils illuminent la nuit. Ceux des voitures de police et de pompiers. Rouges aussi les enseignes lumineuses des lieux incontournables de la vie quotidienne. Verts, les feux lorsque vous pouvez circuler. Pas vous, non, vous n’êtes qu’un piéton assoiffé d’aventure. Vous circulez en jaune, vous ! Vert encore l’arbre magique qui embrassait goulûment les escaliers de secours de ma chambre et sur lequel mon ami ‘Mad l’écureuil’ grimpait pour me rejoindre au petit matin. Mais ils l’ont tué, mon arbre vert. A la place maintenant, les fenêtres incolores de mes voisins. Heureusement, dans mon cœur et mon souvenir, ma porte-fenêtre est à jamais verte.
Bref, ne nous égarons pas.

New York, ça fait du bruit.
J’aime le bruit. Celui des voitures de police (Courtesy, Professionalism, Respect), des voitures de pompiers, des klaxons puissants des innombrables chauffards incontrôlables, des bus qui foncent droit sur vous et dont vous doutez encore de l’arrêt à votre hauteur, du pied léger des enfants qui courent en riant sur les trottoirs tout poudreux d’asphalte et de gel, des passants qui chantonnent seuls en déambulant d’un pas rythmé, des bavards accrochés à leur portable, à l’accent traînant et sexy des rappeurs de clips télévisés, de la caissière qui beugle bien plus qu’elle ne dit ‘next’, des voisins de table qui ne fêtent rien pourtant, du voisin de palier qui rentre chez lui à deux heures du matin et renverse dans l’escalier son sac en plastique lourd, trop lourd et qui a enfin cédé …
Bref, ne nous égarons pas.

New York, ça sent le charbon de bois, ça a le goût de la cannelle, c’est jaune, rouge et vert et ça fait du bruit.
J’aime New York. Amis, une seule chose : à New York, tout grouille, tout s’agite, tout respire, tout vibre, tout chante, tout vit, tout fourmille dans toutes les directions, les pensées, les émotions, les sensations, les joies, les chagrins, les rêves, les illusions, les cauchemars, les nuits et les jours de votre vie… Trouver son chemin au milieu de ce labyrinthe de destinées peut parfois être un jeu délicat.
Alors … Ne nous égarons pas … !

Martine, New York, le 28 novembre 2005

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